Si le général de Gaulle avait ôté au 8 mai son caractère férié, le président Giscard d’Estaing va carrément supprimer la date du calendrier commémoratif en 1976. Geste symbolique visant à "effacer les guerres" et favoriser la réconciliation franco-allemande, cette décision scandalise les anciens combattants dont fait pourtant partie le président. De plus, elle intervient alors qu’un tournant mémoriel décisif vient d’être pris par la communauté intellectuelle. En effet, depuis la publication de La France de Vichy de Robert Paxton et la sortie du film Le Chagrin et la Pitié de Marcel Ophüls, on ne minimise plus le rôle de l’État de Vichy dans les crimes commis durant la guerre. Ainsi, 3 jours avant sa défaite électorale du 10 mai 1981, c’est face aux téléspectateurs de TF1 qu’il reconnaît avoir fait une "erreur psychologique" en supprimant la commémoration. Voulant incarner la République jusqu’au bout, il se rend le lendemain sous l’Arc de Triomphe déposer une gerbe sur la tombe du Soldat inconnu. Le même jour, son adversaire le candidat Mitterrand commémore lui aussi le 8 mai 1945 devant les caméras de télévision, dans la crypte du Mémorial de la Déportation.