Allocution du président de Gaulle
Après le putsch des généraux en Algérie, et alors que la rumeur dit que des parachutistes vont être largués sur Paris, le président de Gaulle revêt son uniforme de général pour fermement condamner la sédition et lancer un appel à l’aide aux Français.
Date : 23 avril 1961
Devenu président en 1959, il hérite d’une télévision d’État naissante qu’il transforme en un puissant moyen de communication politique et développe un outil majeur : l’allocution télévisée. Le président de Gaulle réalise, en moins de 11 ans, 49 allocutions, dont une grande partie est réalisée durant la Guerre d’Algérie (c’est-à-dire jusqu’en 1962) et peu avant l’élection présidentielle de 1965. "Je les écris avec soin", explique le général de Gaulle (comme si on pouvait croire à une improvisation). C’est un véritable travail de communication, comme il le raconte dans ses Mémoires : "pour ce septuagénaire, assis seul, derrière une table sous d’implacables lumières, il s’agit qu’il paraisse assez animé et spontané pour saisir et retenir toute l’attention, sans se commettre en gestes excessifs et en mimiques déplacées". Pour lui, on a installé une lumière rouge qu’il fixe sur la caméra, donnant aux Français l’impression qu’il les regarde lorsqu’il récite son texte appris par cœur.
L’une des plus importantes allocutions est celle du 23 avril 1961. À cette époque, les Français devinent déjà que l’Algérie sera bientôt indépendante. Ce jour-là, des généraux tentent un coup d’État à Alger, et peut-être aussi à Paris. La panique s’empare de la population. Le général de Gaulle - qui vient de prendre les pouvoirs spéciaux prévus par l’article 16 de la Constitution - parle à 20 heures. Partout dans la capitale, la vie s’arrête alors. Pour écouter le chef de l’État, les passants se regroupent dans les cafés, autour des voitures équipées d’un autoradio ou devant les vitrines des magasins de radio et de télévision. De Gaulle a exceptionnellement revêtu son uniforme de général : c’est le chef des Armées qui parle, c’est aussi l’homme du 18 juin qui rappelle aux Français sa compétence dans ce genre de situation. Sur un ton autoritaire, il s’adresse aux putschistes, puis aux militaires et aux civils à qui il donne l’ordre formel de demeurer dans l’obéissance. Cette intervention permet de rétablir rapidement le calme, à la fois dans la métropole et auprès du contingent basé en Algérie, facilitant ainsi la résolution du problème.