Depuis 55 ans, chaque année sans exception, le président de la République adresse aux Français par le biais de la télévision ses vœux de Nouvel An. Au cours de cette allocution rituelle diffusée le 31 décembre, le chef de l’État fait le bilan des 12 mois écoulés et décrit les perspectives - toujours positives ! - qui s’offrent au pays. C’est de l’Élysée, le plus souvent assis à un bureau, qu’il enjoint les Français, "les yeux dans les yeux", à se rassembler derrière son action. C’est aussi un outil politique pour tenter de convaincre les électeurs quant à un prochain vote, ou encore pour égratigner quelques opposants, par exemple en période de cohabitation.
Depuis ses débuts, cette tradition des vœux pour la nouvelle année a peu évolué, même si certains présidents tentent quelques innovations de forme. Parfois, une sincérité surprenante peut surgir, notamment dans des situations exceptionnelles. Mais à partir du premier choc pétrolier du début des années 1970, un leitmotiv revient sans répit : l’année suivante sera celle de la sortie de crise, on peut en être certain.
Exercice convenu, mais obligatoire, où les accents de sincérité semblent rares, les vœux télévisés présidentiels sont durablement enracinés dans nos rituels politico-audiovisuels. Ces vœux du chef à la Nation sont surtout une occasion de délivrer un message politique. Enregistrés quelques heures avant leur diffusion, le plus souvent en plusieurs prises, ils sont diffusés le 31 décembre. Mais les propos sont ensuite bien vite décortiqués par la presse, puis commentés par la majorité et l’opposition, tandis que les journaux télévisés n’en diffusent qu’un ou deux passages, de plus en plus courts au fur et à mesure du temps, hachant l’allocution en fonction de l’angle sélectionné, jusqu’à faire oublier parfois ces promesses de jours meilleurs que le président s’était appliqué à formuler.